laurence villevieille auteure

Tous ensemble

Depuis une semaine je lis beaucoup d’articles, beaucoup de témoignages, beaucoup de partages dans un élan instinctif de rester au plus près de ce qui se vit, dans ce décor de crise sanitaire et de confinement.

Je vois émerger, en moi et en chacun d’entre nous, différents sentiments qui vont de la colère au chagrin en passant par l’indignation et l’incompréhension.

Je vois se déployer des initiatives d’entraides et de soutien qui réchauffent mon cœur et, dans le même temps, je suis spectatrice de comportements « irresponsables » et insupportables :

Ces jeunes gens qui se sont rassemblés, à Nice, pour faire chaque jour les courses des personnes âgées ou en mauvaise santé ont suscité un sursaut joyeux et amoureux en moi. Quand j’ai lu que des centres des Restos du Cœur avaient été cambriolés pour dérober des denrées alimentaires, un profond chagrin m’a envahie. Jusqu’où irions-nous dans cette dégringolade qui nous prive de notre humanité ? Le puits m’a tout à coup paru sans fond.

Comment mettre tout ça en équilibre, dans une compréhension qui n’oublie pas d’honorer tout ceux et celles qui, aujourd’hui, donnent sans compter, les malades et les familles qui, les unes après les autres, perdent un être proche, sans pouvoir être à leur côté au moment du départ ?

laurence villevieille auteure

Je fais partie de ceux et celles qui, au-delà des difficultés réelles qui peuvent se présenter dans notre quotidien, sont convaincues que tout est cadeau.

Je fais partie de ceux et celles qui, dans le respect infini des peurs, des chagrins, des colères, des indignations qui s’invitent à notre table chaque jour, ont envie de penser qu’une opportunité immense nous est donnée de changer notre vie, de remettre à plat nos programmes intérieurs, de questionner nos espaces intimes afin de nous remettre en lien, enfin, avec nos valeurs, nos désirs, nos rêves les plus authentiques.

Un regard différent

Dès mon plus jeune âge, une nécessité impérieuse m’a fait prendre une décision qui ne serait jamais remise en question tout au long de ma vie : je ne voulais pas subir ce que la vie me présentait. Je voulais être pleinement actrice de mon jeu, habité par la conviction inébranlable que tout avait un sens et que rien n’arrivait donc par hasard. A moi de le trouver.

Cette recherche de sens m’a poussée à emprunter des chemins divers et variés et, si elle m’a permis d’accéder à de multiples compréhensions toutes plus passionnantes les unes que les autres, elle m’a surtout aidée à avancer avec deux points de vue essentiels : ne jamais me considérer victime de ce qui se passait et autoriser « l’autre » à jouer son propre jeu parce que sans lui, la chaîne des expériences serait brisée.

On ne va pas se raconter d’histoires : ces deux points de vue n’ont pas toujours été simples à honorer. Je m’en suis même parfois complètement écartée. Mais comme ils étaient « ancrés » dans ma « trame », je ne pouvais faire autrement que d’y revenir sans cesse, dans la compréhension que même mes « écarts » faisaient partis du processus.

Alors aujourd’hui, comment poser un regard différent sur ce qui nous est donné à vivre ?

Comment répondre mieux à cette invitation majeure, initiatrice d’une rupture nécessaire, salutaire, que de se retrouver confiné, dans l’impossibilité d’échapper au huis-clos permettant l’introspection urgente que notre humanité réclame ?

C’est peut-être pour ça que ce confinement ne se réduira certainement pas à deux malheureuses semaines pendant lesquelles les plus récalcitrants pourront encore faire le gros dos et « attendre que ça passe ». Pour qu’aucun retour en arrière ne soit possible, la fracture doit être franche, impossible à ignorer.

Un nouveau monde

laurence villevieille auteureDans une article précédent – Une jeunesse sacrifiée ? – , j’évoquais la vision de Satprem qui comparait notre époque à ce qu’avait connu le poisson lorsqu’il était sorti de l’eau et comment cette asphyxie physiologique avait contraint chacune de ses cellules à imaginer un autre fonctionnement pour pouvoir survivre. Et si, dans cette vision éclairée, nous pouvions considérer tous ces actes irresponsables ou insupportables qui nous indignent ou nous font souffrir comme des éléments qui, accentuant cette asphyxie, contribuent à accélérer cette mutation inéluctable ?

A chaque fois, une seule question nous est posée : que veux-tu continuer à perpétrer ? Sur quelles bases veux-tu poursuivre cette aventure passionnante qu’est la vie ? Quelles valeurs veux-tu porter désormais ? Est-ce que tu veux continuer comme avant ?

Chaque fois que nous jugeons insupportable l’acte de l’autre, nous sommes appelés à nous interroger sur ce qui génère cette sensation. Et c’est toujours l’occasion de rencontrer une part de soi. Que nous dit-elle ? De quoi a-t-elle besoin ? Au service de quoi, de qui veut-elle se déployer ?

Les bases d’un nouveau monde émergeront naturellement de ces rencontres intérieures.

Faire sa part

Et ceux (ou celles) qui jouent le « mauvais rôle » aujourd’hui ? Comment les convaincre, comment les amener à changer leur regard ?

La bonne nouvelle est qu’il n’y a rien à faire. Ça se fera tout seul, dans cette synergie vibratoire qui nous relie tous. Dès lors que nous aurons reconnu et décidé d’honorer une vision plus élevée de la vie et de l’humanité, leur rôle ne sera plus nécessaire. Nous les embarquerons avec nous naturellement. C’est comme ça que ça se passe…

 

Exemple pratique :

Ma fille, adolescente de 15 ans, est confinée dans son lit depuis presque 5 jours ; non pas pour des raisons de santé mais pour honorer son élan adolescent à rester vautrée avec son téléphone et son ordinateur. Comme tous les adolescents, elle est restée sourde à mes demandes de mettre un peu d’ordre dans sa chambre, envahie de linge propre non rangé et de multiples choses entassées au fil du temps.

Ce matin, j’ai cessé de lutter et j’ai décidé de me mettre en mouvement pour faire un peu de ménage dans la salle de bain et ma propre chambre, situées au même étage que la sienne. Au moment où j’écris ces lignes, elle est en train de passer l‘aspirateur, dernière étape d’un ménage exhaustif qu’elle a mis en œuvre toute seule, aspirée par cette synergie vibratoire que j’évoquais plus haut.

Je vous l’accorde, tout ne se passe pas toujours aussi simplement ! Et pourtant, je reste persuadée qu’il s’agit d’un clin d’œil que la Vie m’adresse pour m’indiquer que ma compréhension est juste…

laurence villevieille auteureEn conclusion de cet article qui, encore une fois, est peut-être un peu long (?), je me contenterai de vous inviter à faire votre part et pas plus, tel le colibri maintenant célèbre qui en inspire tant.

Mettons en mouvement notre dynamique personnelle, l’humanité suivra, j’en suis certaine…

 

© Laurence Villevieille – Mars 2020