Tout s'effrite...

Je m’effrite.

Les morceaux tombent un à un, tout s’échappe.

Plus rien n’a de sens puisqu’il dépend de la construction-même qui s’effondre.

Au-delà de la peur, un chagrin immense qui monte, qui monte, qui n’en finit pas de monter.

Déjà vécu. Déjà traversé. Et pourtant encore là.

Comme un cauchemar dont je ne me réveillerais jamais.

Les morceaux tombent, tout s’effrite. Seule la douleur persiste.

Utile ? Nécessaire ?

Plus de réponse : les questions s’épuisent.

Renoncer à comprendre et se laisser tomber avec tous ces morceaux de moi.

Pour devenir ? Peut-être.

Encore des mots : lumière, amour, essence divine, Soi, Tout.

Rien.

Les mots sont des tortionnaires qui mettent mes chairs à vif.

Mes chairs qui saignent sous leur poids faute d’incarner vraiment un état d’être qui me permettrait de vivre la paix. Enfin.

Et si la paix pouvait se rencontrer dans la rencontre de ce qui me fait souffrir ?

Si la paix résidait dans le renoncement à lutter, dans l’abandon de cette idée qui me souffle ce qui devrait être, cette voix qui prétend connaître la meilleure manière d’accéder au bonheur ?

Peut-être que dans ce face à face enfin consenti, plongeant mon regard dans celui de la Vie, je pourrais voir combien je suis aimée, chérie, accompagnée, soutenue, bénie…

 

© Laurence Villevieille – Juin 2020