Renaissance
Je suis venue de loin, d’un pays sans images
Où les rêves les plus fous deviennent des mirages
Que le brouillard du temps étouffe lentement,
Où la seule musique est faite de cris d’enfants.
Je suis venu de loin, d’un pays sans visage
Où meurent doucement les oiseaux, les nuages,
Où les couchers de soleil ont la couleur du sang,
Où l’espoir se fane, où le cœur se fend.
J’avais au fond du cœur une fleur immortelle,
Comme un reste d’espoir un peu surnaturel.
Sa terre n’était pas bonne, l’eau était à changer,
Mais de m’en occuper le courage me manquait.
Je lui ai inventée toutes sortes de couleurs,
Essayant de tromper sa tremblante pâleur,
Mais tout au fond de moi, une voix m’accusait.
J’étais venue de loin et j’étais fatiguée.
J’avais connu l’amour mais je l’avais perdu,
Un enfant était mort, mon cœur errait sans but.
Le soleil n’avait plus le même éclat qu’avant,
Pourtant, du fond de moi, s’est élevé un chant.
J’ai croisé ton regard et tu devins mon maître,
Les Ecritures m’ont dit que je devais renaître,
Nous nous sommes pris la main et tu m’as mise au monde,
La vie devint un cri, tu entrais dans ma ronde.
Ton baiser fut pour moi une bouffée d’oxygène,
Enfin j’ouvrais les yeux, tu effaçais la haine.
Tu m’as offert le rire et depuis cet instant,
Une question me hante, me harcèle lentement :
Suis-je devenue femme ou suis-je restée enfant ?
Le 25/01/1981